Lycée de Baboua : la déperdition scolaire des filles inquiète

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Les ¾ des filles inscrites en 6e accèdent difficilement au second cycle à cause des grossesses et mariage précoces, les activités génératrices de revenues dans les zones économiques et frontalières.

Au total 122 filles étaient inscrites au lycée de Baboua pour l’année scolaire 2014-2015 de la 6e en terminal. Le lycée comptait 111 filles au 1er cycle et 11 au second cycle. A la fin de l’année, il ne restait 72 filles au 1er cycle. 15 cas de grossesse ont été enregistrés, rien qu’en classe de 6e et 24 cas d’abandon. Au second cycle, sur les 11 filles, 5 ont abandonné et une a eu son Bac, selon les données reçus au lycée.

Pour cette année scolaire, 141 filles sont inscrites au 1er cycle, mais déjà, 5 cas de grossesse sont enregistrés et 12 cas d’abandon. Certaines filles rencontrées disent que c’est dans leur coutume de se marier tôt. « Nous allons au lycée juste pour acquérir certaines connaissances et rester à Baboua mais pas pour partir ailleurs », nous a confié Ella, qui a abandonné le chemin de l’école en classe de 3e après avoir tombée enceinte l’année dernière.

Quelques parents interrogés se disent conscients de la situation mais ne peuvent pas empêcher le choix de leurs filles. « Nous n’avons pas la possibilité de contraindre les filles à fréquenter plus loin les études. Plusieurs raisons sont liées à ces déperditions notamment le poids de la coutume, le suivisme et les conjonctures économiques », a dit avec regret un parent.

Le proviseur du lycée de Baboua, Joachim Wakilou déplore le fait et accuse certains parents qui ne suivent pas l’éducation de leurs filles. « Il ya des parents qui cautionnent ce que font leurs filles. Ils sont toujours prêts à pousser leurs filles au mariage. J’ai recensé une dizaine de cas de grossesse l’année dernière en classe de 6e. C’est déplorable », a dit le proviseur.

Pour lui, il y a des filles qui viennent des villages reculés, notamment à plus de 120 kilomètres et ne peuvent pas « supporter les difficultés de la vie scolaire et se livrent à la vie de débauche ». « Celles qui sont dans la ville de Baboua partent à Cantonnier, à la frontière avec le Cameroun pour chercher de l’argent et d’autres dans les chantiers miniers », a ajouté le chef d’établissement de Baboua.

Le chef secteur des Affaires sociales, Daniel Weye confirme ces déperditions et déplore le manque des ONGs qui pourraient former les filles en activité génératrice de revenue. « Il n’ya pas assez de sensibilisation sur la scolarisation des filles ici à Baboua. Nous faisons un peu d’effort à notre niveau mais ce n’est pas encore intense », regrette-t-il. « J’invite les ONG œuvrant dans la scolarisation des filles à multiplier des sensibilisations et d’autres d’appuyer les filles à maintenir le niveau des études », a-t-il lancé.

L’association des Parents d’Elèves de Baboua, se dit inquiète de cette situation, en dépit des sensibilisations sur la scolarisation des filles, organisées dans la région. Toutefois, une rencontre avec le chef d’établissement et les leaders communautaires est en vue, afin de débattre de ce phénomène.

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RJDH

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