Centrafrique : Le « balaka » viande de bœuf abattu clandestinement en vogue dans la Nana Mambéré

Radio Siriri March 5, 2014 0

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RADIO SIRIRI — L’abattage anarchique et clandestin des bœufs prend de plus en plus d’ampleur ces derniers temps dans la préfecture de la Nana Mambéré depuis le départ des Séléka de Bouar. 
Le général Souleyman Saïd avait programmé de quitter Bouar en passant par le Cameroun. Il possédait à lui seul plus de 400 bœufs confisqués à des particuliers depuis son arrivée à Bouar au lendemain du 24 mars. 
Et il avait donné consignes à certains seleka de conduire les bœufs jusqu’à la frontière. Mais à la nouvelle de sa mort, les commissionnaires ont choisi de sauver leurs peaux plutôt que de prendre le risque de voyager avec un colis encombrant. 

A leur arrivée à Bouar les anti-balaka les ont récupéré, soi-disant pour les restituer aux propriétaires tel M. Soko, un commerçant gbaya de Bohong qui s’est vu confisqué par le général défunt ses quatre-vingt-dix (90) bœufs. 
Mais en dehors de ce cas, il y a de nombreux troupeaux abandonnés soit par des éleveurs peulhs ou chrétiens dans la brousse. Et les voleurs de bétail en profitent pour les abattre à l’aide de leurs fusils de fabrication artisanale. 
Ainsi, les « kete gara » (entendez petits marché du coin) sont inondés de viandes de bœufs fumées vendues à des prix dérisoires baptisées « balaka ». 
Ces abattages se font en l’absence des vétérinaires et exposent ainsi les consommateurs à d’éventuelles maladies liées à la peste bovine. 

Dans un pays où l’anarchie bat son plein, la sécurité alimentaire est tout simplement devenue le cadet des soucis, alors que les abattoirs sont les lieux idéaux et mieux indiqués pour différents abattages dont la viande doit être nécessairement soumise au contrôle vétérinaire. 
Ce qui fait le plus grand plaisir des bouchers réfractaires qui n’y voient que des avantages pour écouler rapidement leurs marchandises. 
Ce phénomène se vérifie dans Bouar et ses environs ainsi qu’au niveau de la frontière. Ce qui est fort inquiétant, c’est l’insouciance remarquée aussi bien du côté des bouchers que des consommateurs : personne n’est en mesure de penser à ce qu’il en sera de la consommation de la viande dans deux ou trois mois. 
Une chose est certaine, il aura d’ici là de la difficulté à trouver de la viande de bœuf à court et à moyen terme, vu l’inaction des agents vétérinaires ou des services d’ordre. 
C’est la banalisation totale du crime en ce moment en Centrafrique. L’impunité s’y est progressivement forgée au cours des ans une carapace cuirassée difficile à percer. 
Comme ironisait Bion un instituteur : « La Centrafrique est devenue un pays de NO MAN’S LAW ! » Il n’a pas totalement tort.

© Mars 2014 RADIO SIRIRI

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