Centrafrique : Musulmans centrafricains, un casse tête pour la France

Radio Siriri April 9, 2014 0

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Gilles Deleuze

BANGUI (LNC) — “On est là pour taper de l’arabe”, cette imprudente déclaration d’un sous officier français de la Sangaris en RCA au début des opérations françaises en RCA, même si dite sous anonymat à LNC avait mis à jour ce qui fut une ambiguïté du comportement des soldats français dans ce pays.

Même si officiellement nié, les soldats français avaient traité les Anti-Balaka avec mansuétude, voire même comme des supplétifs susceptibles de les aider à déloger les rebelles Séléka.
L’armée française sur ce point a toujours refusé de répondre à nos questions à propos, en dépit des évidences, dont un accablant reportage sur le sujet par la chaîne française Canal +.

Conséquence, depuis, la position de l’armée a changé, mutée, muée, vis à vis de ces Anti-Balaka finalement incontrôlables, qui prenant la mansuétude française à leur égard comme carte blanche pour plus encore multiplier les exactions contre la population ciblée des musulmans centrafricains, dorénavant considérés comme des étrangers.
Un populisme dangereux, ne semblant pas déranger les thuriféraires, tenants du camp d’en face s’opposant pourtant à la partition du pays, tout en soutenant l’éradication des nationaux de confession musulmane.
Un vrai paradoxe irrationnel.
Ce qui dans un premier temps ne semblait pas déranger l’Etat Major des Sangaris à Bangui M’Poko, mais prit une toute autre tournure lorsque ces Anti-Balaka commencèrent à s’en prendre même aux forces internationales, Sangaris et Misca.

Le Général Francisco Soriano sortit enfin de son coma et de son aveuglement pour déclarer que les Anti-Balaka étaient des “Terroristes” avec lesquels il n’était pas question de discuter, mettant ainsi le gouvernement centrafricain en porte à faux, lui qui dès sa mise en place avait opté pour négocier avec eux, au point d’offrir deux maroquins ministériels à deux d’entre eux pour les piteux résultats que l’on sait.

Changement de vue de Soriano sous contrainte, car ne pouvant plus occulter les dénonciations de l’ONU sur le laisser faire des français, abandonnant les musulmans centrafricains aux coups des machettes des Anti-Balaka.

Une ONU qui dernièrement urgeait les forces internationales en RCA de procéder à l’évacuation de près de 19.000 musulmans en état de grande vulnérabilité.
Refus du Général Soriano de faire quoique ce soit.

Et à Paris que Ban Ki-Moon le Secrétaire général de l’ONU avait sollicité pour faire ce travail, c’est le dilemme.
EVACUER LES MUSULMANS OU AJOUTER ENCORE PLUS DE TROUPES ?

L’option française serait de suivre son Général à Bangui, ce qui agace l’ONU, estimant que les deux actions peuvent très bien être menées de front.
Hier mardi, la France a déclaré qu’elle soutiendrait le retrait des musulmans, mais ‘seulement en dernier ressort”.

Car à Bangui, notamment au quartier du KM5, c’est le feu.
Ce quartier jadis très populaire dans la capitale, est devenu désormais un véritable ghetto, entouré par des Anti-Balaka, à l’affût pour dépecer tout ce qui ressemble à un musulman.
Les commerces des musulmans sont détruits, et comme le témoigne Johnny Mameneyaki un commerçant:
“La solution c’est de prendre des mesures de sécurité, c’est la chose la plus importante à faire. Nous avons besoin tous de sécurité, car chrétiens et musulmans, nous somme ensemble. Nous pourrons continuer à faire nos affaires ensemble s’il y’avait la sécurité.”

© Avril 2014 LNC

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