Mgr Dieudonné Nzapalainga prêche pour la paix et la réconciliation à Bossangoa

Radio Siriri September 20, 2014 0

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(Le Confident) – ‘‘ Bossangoa, ville hospitalière, ville de loisir vous souhaite la bienvenue’’, telle est le message sur le panneau à l’entrée de la ville de Bossangoa.

Aujourd’hui une ville inhospitalière vidée de toute sa population où presque la quasi-totalité trouve refuge à l’évêché de ladite ville. Après la mission de Bohong effectuée le 5 septembre 2013 pour constater les exactions, crimes odieux, pillages et assassinats sommaires commis sur la population de localité située à 70km dans la sous-préfecture de Bocaranga par Mgr Dieudonné Nzapalainga, c’est autour de Bossangao ou il a conduit une mission du 14 au 16 septembre 2013. Au cours de cette mission, Mgr Dieudonné Nzapalainga est assisté de l’évêque de Bossangoa, Mgr. Nestor Nongo Azagbia, de l’Imam Abdoul Aziz Magba Gakara Célestin Chrysostome Ben Gbaguembere, représentant le Président du comité islamique centrafricain.

Cette mission conduite par Mgr Dieudonné Nzapalainga s’inscrit toujours dans le cadre de la réconciliation et du retour à la paix dans les zones sinistrées. Il faut signaler qu’après les évènements douloureux de Bohong dans le nord-ouest du pays, dont plusieurs maisons ont été incendiées, ce sont les mêmes exactions qui sont pratiquées dans la ville de Bossangoa. Une ville sinistre pourrait-on ainsi dire, la population de Bossangoa y compris les chrétiens et les musulmans vivent dans une psychose généralisée. La cohabitation entre les chrétiens et les musulmans est devenues très tendue, à telle enseigne que, pour sauver sa vie, les deux communautés ne peuvent se déplacer à 2 km en dehors de la ville de Bossangoa. Aujourd’hui, la ville de Bossangoa ressemble à une ville fantôme parce que les chrétiens et les musulmans se regardent en chiens de faïence.

A Bossangoa plus 11 mille déplacés internes se sont refugiés dans la paroisse de Bossangoa. Ce qui dépasse l’entendement de toute la population de Bossangoa, c’est la répercussion des évènements sur la population civile qui n’est pas impliquée dans les différents affrontements entre les ‘‘anti-balaka’’ et les éléments de la Séléka. Selon certains témoignages de la population, ce sont des faits inhabituels, car de tout temps, les chrétiens et les musulmans vivent en harmonie. Aujourd’hui, si les populations de Bossangoa sont divisées, c’est à cause des comportements violents des éléments de la Séléka. La cohabitation entre les chrétiens et les musulmans aujourd’hui est élastique. Selon les autorités ecclésiastiques de Bossangoa, la tendance à faire glisser les conflits entre les Séléka et les archers sur le terrain religieux est injustifiée.

Rappel des faits

De sources concordantes, la réaction très violente des éléments de la séléka sur la population civile, serait à l’origine de la mort d’un musulman et de ses deux enfants au village Bowaye dans la nuit du vendredi 06 septembre 2013 aux environs de 21heures. Informés de la situation, les Séléka de Nana-bakassa étaient descendus dans ce village pour tuer les hommes, les femmes et les enfants de tous âges. Selon les informations recueillies sur le terrain, les habitants de la commune de Zéré, ville située à 30Km de Bossangoa sur la route de Bouca se seraient rendus coupables d’attaque du véhicule des éléments des Séléka. Informés de la situation, les représailles ne se sont pas faites attendre. Le dimanche 8 septembre, c’est la désolation de la population de Zéré qui s’est réfugiée dans la commune de Soungbé. Selon certains témoignages, la population de Bossangoa ne comprend pas pourquoi les Séléka transposent la situation sur la population civile. Ce qui est regrettable, les chrétiens tout comme les musulmans ont commis des exactions de part et d’autre.

Le soulèvement des populations qui sont considérées comme des rebelles dans le nord du pays est balayé d’un revers de la main par certaines personnes interrogées. A Ndjoh par exemple, lorsque le cortège s’était arrêté, la population qui se terrait dans la brousse, reconnaissant le véhicule de Mgr Dieudonné Nzapalainga était sortie de sa cachette pour expliquer le mobile de leur mécontentement. Un habitant a déclaré que les éléments de Séléka sont à l’origine de leurs réactions. La violence, les crimes, les assassinats, le vol de bétails, des caprins justifient leur décision de défendre leurs intérêts. Quelques instants après le bref entretien de Mgr Dieudonné Nzapalainga avec une partie de cette population en désarroi, le cortège a pris le chemin de Bossangoa. Sur le chemin de Bossangoa, tous les villages qui se trouvent après la ville de Bossembele jusqu’à Bossangoa, aucune personne n’est aperçue dans les villages qui longent la route. Une vue qui laisse entrevoir que les populations de cette zone est privée de leur liberté parce qu’elle ne peut plus vaquer librement à leurs occupations quotidiennes qui reposent sur les travaux champêtres. Un risque de famine est perceptible dans les zones touchées par les attaques des Séléka. Arrivée à quelques kilomètres de Korompoko, les archers qui erraient au bord de la brousse, très méfiants, étaient sortis à la rencontre de la délégation pour expliquer les mêmes raisons fournies par les habitants de Ndjoh. ‘‘Très dépassés par les tragiques évènements imposés par les Séléka, la population de Ndjoh est obligée de prendre ses responsabilités’’, a déclaré un archer.

Lorsque la mission était arrivée à Bossangoa, la première action fut la rencontre de Mgr Dieudonné Nzapalainga et de l’Evêque de Bossangoa Nestor Nongo Aziagbia avant de conférer la population en détresse qui s’était amassée dans la paroisse de Bossangoa. C’est un message de réconfort, de paix et de la réconciliation. Les deux autorités ecclésiastiques ont axé leurs interventions sur l’amour des uns et des autres et surtout sur l’unité. ‘‘La paix que Dieu donne, le monde ne la donne paix’’, a déclaré Mgr Dieudonné Nzapalainga, en indiquant que les hommes et les femmes doivent être des hommes de prière tout en écartant l’esprit de division, mais que chaque chrétien doit avoir l’esprit de pardon. Les deux hommes de Dieu se sont beaucoup appesantis sur l’amour de son prochain.

Le lendemain matin après l’arrivée de la mission à Bossangoa, un jeune vendeur de viande de bœuf a été enlevé, et son corps n’est pas retrouvé jusqu’au retour de la mission à Bangui. Il serait assassiné et jeté dans l’Ouham, selon les dernières informations.

Zéré effacée de la carte de Bossangoa

Sous la pluie battante, dans la soirée du dimanche 15 septembre, pour vérifier les informations de certaines autorités militaires Séléka qui soutenaient l’hypothèse selon laquelle, leurs éléments ont été attaqués par les archers de Zéré, et leur véhicule brûlé, la mission qui était composée de Mgr Dieudonné Nzapalainga, de l’Evêque Nestor Azagbia, de l’Imam Aziz Abdoul Magba Gackara Célestin Chrysostome et autres personnalités ecclésiastiques qui l’avaient accompagné n’a pas retrouvé les traces d’un véhicule calciné. Dès la première vue une fois arrivée à Zéré, aucune présence humaine n’est constatée dans cette commune, située à 30Km de Bossangoa sur l’axe Bouca. La délégation n’a constaté que la présence d’un seul chien qui a vite disparu dans la nature. Premier constat fait, toutes les maisons en paille sont incendiées. Seules deux maisons en tôles ont résisté à l’incendie, à savoir l’école et la mairie de Zéré. Toute la population, pour trouver un abri, s’est réfugiée dans la commune de Soungbé, située à 18 Km sur la route de Bossangoa sur le même axe. N’ayant trouvé personne pour échanger avec elle, la délégation a rebroussé chemin et s’est arrêtée dans la commune de Soungbé où s’était refugiée la population de Zéré. Rapidement, une foule importante était sortie à la rencontre de la mission. Dans toutes leurs déclarations, ils ont évoqué qu’ils en ont assez marre des vols de leurs petits bétails. Dépassés par les évènements, ils ne pouvaient que défendre leurs intérêts, a déclaré un habitant interrogé à ce sujet. A la question de savoir si c’est une rébellion qui est en gestation, la population a déclaré qu’il n’est nullement question de rébellion. Un jeune commerçant a fait remarquer que les Séléka lui ont emporté 2,5 millions FCFA, deux motos plus tous ses biens ainsi que sa maison qui est partie en fumée. Les archers qui disposent des armes de fabrication traditionnelle ont décidé d’en découdre avec les Séléka dans la ville de Bossangoa puisque trop c’est trop ont-ils déclaré. Ils ont même promis d’attaquer les Séléka de Bossangoa dans trois jours.

L’imam Abdoul Aziz Magba Gackara qui faisait partie de la délégation a failli être pris à partie par les archers de Zéré, car selon eux, tous les musulmans sont la cause de leur malheur et désolation dans la ville de Bossangoa. N’eut été la vigilance de certains membres de la délégation, que la mission allait prendre sérieusement un coup. Dieu merci, la délégation a aussitôt quitté les lieux pour éviter des dérapages qui risqueraient de causer des préjudice à celle-ci.

Tard dans la soirée du dimanche 15 septembre, une rencontre avait été organisée à l’évêché entre Mgr Dieudonné Nzapalainga et les Pasteurs des églises évangéliques. Il ressort des différents témoignages faits par les hommes de Dieu, grâce au Vicaire Général de la Paroisse de Bossangoa qui a accepté d’accueillir toute la population. Mais la situation hygiénique reste un problème majeur pour cette population. Tous les Pasteurs ont remercié Mgr Dieudonné Nzapalainga pour son action en faveur de la paix et surtout envers la population de Bossangoa en détresse. Il s‘est ensuite entretenu avec certaines victimes de cette sinistre situation qui a emporté des vies humaines.

La rencontre de la mairie

Dans la salle de conférence de la municipalité de Bossangoa, Mgr Dieudonné Nzapalainga a rencontré les responsables militaires Séléka, les Pasteurs, les Imams pour parler franchement de la situation sociale de la population de Bossangoa. C’est ainsi que des différents débats, la conclusion faite n’est pas celle de conflits entre chrétiens et musulmans, mais plutôt des problèmes internes pour des intérêts personnels qui n’ont rien à voir avec la communauté chrétienne et musulmane. Il a invité le colonel Salet qui commande les Séléka à protéger toute la population sans distinction de race et de religion. Il s’est soucié du comportement des Séléka qui utilisent le plus souvent la violence contre la population. Se venger contre qui ? Les tenues que vous portez est pour la défense de la population, a martelé Mgr Dieudonné Nzapalïnga. Il n’y a pas de raison que les musulmans et les chrétiens se regardent en chiens de faïence. Les armes ne sont pas faites pour tirer sur la population, mais pour la protéger. C’est à la mairie de Bossangoa que des dispositions pratiques sont prises par toutes les parties pour mettre en place un comité de médiation en vue de sensibiliser tout le monde pour le retour de l’unité et de la cohésion sociale. Chaque Imam, pasteur, Prêtre doit chacun en ce qui le concerne mettre les bouchées doubles pour prêcher la réconciliation, a déclaré Mgr Dieudonné Nzapalainga. C’est après cette rencontre que cette mission est rentrée à Bangui. A Ndjoh, 8 éléments des Séléka dans une Pick-up étaient tombés dans une embuscade tendue par les archers qui a fait quatre morts et deux blessés graves dans les rangs des Séléka. Arrivée sur les lieux de l’incident, la mission a transporté les corps et les blessés à Bossembele. Aux dernières nouvelles, des tirs à l’arme lourde ont retenti à l’aube de mardi dans la ville de Bossangoa dont personne ne connaît encore les origines.

De notre envoyé spécial à Bossangoa
Stéphane Chantilly

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