REPORTAGE/ BODA LE DRAME OUBLIE

Radio Siriri April 7, 2014 0

BODA

Par Valery Mansfield (V.M) & Joseph Decalo | LNC

BODA (LNC) — Dans le Sud Ouest, à moins de 4 heures de la capitale, dans la Lobaye, il y a la ville de Boda, où des milliers de musulmans sont piégés, et seules les forces de la MISCA tentent de garder une attention sur eux.

A Boda, une ligne invisible divise la ville.

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Les français de la Sangaris qui y étaient passés un mois plus tôt, mais pour une très très courte durée, avaient décidé de mettre en place une ligne de démarcation à ne pas franchir qu’ils avaient appelée ‘LIGNE ROUGE’.
Les musulmans d’un côté, entourés par les Anti-Balaka, et les chrétiens de l’autre, avec parmi eux les miliciens Anti-Balaka.

La ville est replongée dans les tourments depuis le départ des rebelles Séléka qui y faisaient déjà la loi.

TEMOIGNAGES

Nous avons rencontré Mahamat Awal, un musulman qui nous a dit :
“La frontière c’est ce pont là bas, et nous n’avons pas le droit de le franchir. Le dialogue a failli, seulement la violence qui continue depuis que les français ont établi cette ligne. Nous ne pouvons aller nulle part, seulement à rester dans ce district”.

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Mahamat avait franchi la ligne rouge il y a deux jours, après une attaque des Anti-Balaka dans leur secteur.
C’est un survivant. Il a marché plus de 40 kms dans la brousse pour sauver sa vie, après que les miliciens Anti-Balaka aient tué une vingtaine de personnes, y compris ses deux femmes et ses cinq enfants.
Un autre témoin parle : “Les commerçants chrétiens ne peuvent pas venir nous vendre des produits. Ils sont menacés de mort par les Anti-Balaka.
Ici, pas de médicaments, pas de sécurité, pas de nourriture. Seulement les Anti-Balaka qui continuent de tuer.
Chaque jour, chaque jour, c’est le cimetière, on n’arrête pas de mettre des corps en terre.”
Et les violences se poursuivent même dans la brousses.

MISCA

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Des éléments des forces africaines de la MISCA du Congo Brazza sont arrivés à Boda il y a 2 jours. 
Leur commandant, le capitaine Ghislain Singou a fait une réunion dans le secteur chrétien pour donner ses ordres afin de garder la paix. 
Il parlait en français, et une personne avec un haut parleur traduisait en Sango pour les gens.
“Ceux qui feront du mal à la population, je les poursuivrai, même dans la brousse; j’ai les armes pour ça et des hommes.” 

Mais le chef local des Anti-Balaka s’en fiche. Son simple message c’est :
“Les musulmans doivent partir” dit-il, c’est la seule solution.

Des gens se sont levé aussi pour parler, dont une femme habillée en robe rouge, reprenant le discours Anti-Balaka : “Les musulmans doivent partir”.

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De retour dans le secteur musulman, certaines personnes ne veulent pas partir pour des raisons économiques.
Les musulmans à Boda contrôlent la plupart des commerces, y compris le commerce du diamant et de l’or.
Ils craignent qu’en s’en allant leurs maisons et leurs commerces ne soient immédiatement détruits.
Même si d’autres n’ont qu’une envie malgré tout, s’en aller. 

Dans un grand silence de Bangui, les exactions et les meurtres se poursuivent à Boda.

English version: http://www.lanouvellecentrafrique.org/report-boda-the-forgotten-drama/

© Avril 2014 LNC

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