Saturday, Mar. 29, 2014

DOSSIER : LES ANTI-BALAKA DANS LA NANA MAMBERE

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January 31, 2014

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DOSSIER : LES ANTI-BALAKA DANS LA NANA MAMBERE

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RADIO SIRIRI

Anti-balaka ou défenseurs du terroir

Le groupe Anti-balaka dans la Nana Mambéré a été créé en 2006 par deux frères, Sylvain Gbokaho Minang « Ndalé» et son frère Alim Gbokaho originaire de la commune de Niem afin d’assurer la sécurité de leur région à une époque où les Zaraguina, coupeurs de route écumaient la région. 
Ce sont de braves paysans, généreux et jaloux de leurs terres. 
Ils ont remarqué l’incapacité du gouvernement de l’époque à garantir la sécurité et la protection des populations vivant dans cette partie du pays et ont décidé de réagir. 
Et pour atteindre leur objectif, ils ont eu recours aux pratiques ancestrales animistes et occultes, à la divination afin d’obtenir l’antidote et devenir invulnérables aux balles des fusils d’assauts. 
Et le port des gris-gris est également obligatoire. 

Car chaque position des gris-gris sur le corps a une fonction particulière. Les gris-gris attachés à l’avant bras jouent un rôle complètement différent de ceux attachés au cou par exemple. 
Ils sont parvenus progressivement à éradiquer au bout d’un an le phénomène des coupeurs de route dans la région de Niem (dans la préfecture de la Nana Mambéré) ainsi que de Bohong (dans la préfecture de l’Ouham Pendé). 

Depuis lors ces différents groupes d’autodéfense travaillent en étroite collaboration.
On les appelait à l’époque, les « Archers » ou « Blindés ». Et durant les festivités du 1er décembre, la fête nationale, ils ont toujours leur place dans le défilé avec leur arsenal (arcs, flèches, couteaux, fusils de fabrication artisanale…). 

Ils n’ont pas d’ambitions politiques contrairement aux autres groupes montés de toutes pièces, et se revendiquant de tel ou tel homme politique. 
Après avoir éradiqué le phénomène des Zaraguinas ou coupeurs de route, ils ont repris leurs activités ordinaires : travaux champêtres, chasses, pèches ou petits commerces. 

Retour en force pour bouter l’ennemi hors du pays

L’envahissement du territoire centrafricain par les Séléka et les exactions perpétrées par ces derniers ont amené Ndalé à faire appel à ses compagnons « blindés » afin de retourner dans la brousse pour se réorganiser de manière à chasser les Séléka de leur région. 

Ils n’ont pas d’appui politique et ne nourrissent pas non plus d’ambition politique. 

Ils ont mis du temps à contre-attaquer à cause des problèmes de munition pour leurs armes de fabrication artisanale. 
Car ils achètent les munitions de chasse classique, récupèrent les plombs et les transforment en munitions selon le calibre de leur choix. 
C’est un travail qui allie sorciers, marabouts et forgerons. 
Leur règle est stricte : ne pas voler ni prendre de force un bien appartenant à un particulier.

La gestion de l’après rébellion

Dans le groupe anti-balaka de Ndalé, on y trouve une trentaine d’ex-faca dont une vingtaine venus de Bangui, une dizaine de Bossangoa et quatre seulement du Centre d’instruction militaire de Bouar. 
C’est ce groupe, qui en collaboration avec les autres groupes notamment ceux de Bohong, Bokayan et voire de Bozoum, ont choisi de ne pas attaquer les Séléka dans Bouar mais plutôt de les attendre en dehors de l’agglomération pour éviter des dégâts collatéraux. 
Ils étaient près d’un millier, ceux qui se sont approchés de Bouar le 15 janvier dernier en faisant des tirs de sommation de 20h00 à 21h00 au point de pousser les Séléka à sortir tout leur arsenal lourd, notamment des 12,7 et 14,7, des armes venues tout droit de la Lybie en transitant via le Mali puis le Tchad. 
Vendedi 17 janvier, les Séléka ont tiré pendant cinq heures comme s’ils affrontaient réellement l’ennemi. 
Mais ces tirs de sommation sonnaient comme le chant du cygne. 

Car 72 heures plus tard, le général Saïd était tué par la police frontalière camerounaise, alors qu’il tentait de rentrer de force sur le territoire camerounais, avec treillis, armes et butin de guerre. 
Un cheptel de plus de 500 vaches expropriées devaient le suivre également. 
Progressivement les autres Séléka ont décidé de quitter Bouar et ses environs, laissant la base du Camp Leclerc occupée désormais par Ndalé qui se fait appeler désormais « Général » par ses anti-balaka. 
Le gros problème qui nécessite d’être pris rapidement en considération par les nouvelles autorités de la Transition, ainsi que par le haut commandement de la Misca, c’est de régler le plus rapidement possible la tension existant entre les anti-balaka de la Nana Mambéré et les ex-faca qui osent revendiquer la paternité des différentes opérations menées par ce groupe non conventionnel depuis le mois d’août jusqu’au départ des Séléka de la région. 
Pour l’heure, ce sont les anti-balaka qui font leur grand rapport au Camp Leclerc, base militaire qu’ils occupent depuis mercredi 22 janvier soir. 
Le groupe est sur le point d’exploser car les chefs commencent à goûter de quelques avantages de part leur position oubliant ainsi de continuer à nourrir leurs éléments dont la plupart n’ont qu’une seule envie, partir le plus rapidement possible au village après de le DDR. 
Cependant au sein de ce groupe, on y trouve aussi des « Godobés », voyous de Bouar ayant intégré le groupe. 
Ceux-là, apprécient fort bien la drogue et l’alcool. 
Et ils sont manifestement incontrôlables. 
Un certain Firmin Daneboy, lieutenant de l’ex-armée centrafricaine, tente de contenir les tensions afin d’éviter tout débordement. Mais le manque d’un état major constitué d’officiers supérieurs capables de faire entendre la loi, doit être sérieusement pris en considération. 
D’ailleurs les anti-balaka n’hésitent pas à le lui faire comprendre à chaque fois en lui signifiant « qu’il n’est pas d’ici, qu’il n’a pas connu les exactions subies par leurs parents et toute la population de la Nana Mambéré; qu’il n’a pas combattu mais cherche à récupérer seulement leur succès militaire pour avoir des galons ensuite… »

© Janvier 2014 RADIO SIRIRI

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