Wednesday, Oct. 9, 2013

France : Le volte face de Hollande sur la Centrafrique

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September 21, 2013

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France : Le volte face de Hollande sur la Centrafrique

hollande

Marie-Pierre Coppens

PARIS (LNC) — Les centrafricains doivent être perdus concernant la position tangente de François Hollande sur leur pays.
Hier à Bamako, son : “…sans doute à être davantage présente en Centrafrique” a suscité la curiosité des observateurs.
C’est une évolution de son discours, même si encore prudente par rapport à ses propos définitifs de Décembre 2012 « Si nous sommes présents, ce n’est pas pour protéger un régime, c’est pour protéger nos ressortissants et nos intérêts, et en aucune façon pour intervenir dans les affaires intérieures d’un pays. Ce temps-là est terminé. »
A l’époque, l’idée de l’Elysée c’était, “Paris veut influencer, mais pas intervenir militairement.”
D’autant plus que le nouvel « accord de partenariat de défense », signé entre la France et la Centrafrique en 2010, contrairement à celui de 1960, ne prévoit pas la possibilité pour l’armée française d’intervenir en cas de conflit intérieur.
Et pour François Hollande, la crise centrafricaine est une crise intérieure.

LA DANSE DE SAINT GUY

Mais il y a deux mois, avec Yamina Benguigui, la ministre déléguée à la Francophonie, les curseurs ont sensiblement bougé. Elle a su le sensibiliser à ce dossier qui jusque là ne l’intéressait pas.
Les rapports réguliers de l’ambassadeur Serge Mucetti à Bangui, lui relatant la situation catastrophique en Centrafrique, il ne les lisait pas.
Mollement, il s’est mis à répéter les propos des ONG en Centrafrique relatant la situation en RCA, et il donnait soudainement l’impression de découvrir l’ampleur du désastre, pour justifier un début d’implication, mais indirecte, du bout des lèvres.
‘Il faut appuyer la MISCA, susciter un débat à l’ONU sur la Centrafrique’, finit-il par dire, mais toujours pas de décision d’intervention directe française, tant réclamée par pratiquement toute la classe politique centrafricaine, en premier lieu, Nicolas Tiangaye le premier ministre centrafricain lui-même.

DEBY JOUE SUR LA CORDE DE LA PEUR

Nous en étions là, jusqu’à hier Jeudi.
A Bamako, en marge de l’investiture du nouveau président malien, le président tchadien, Idriss Deby Itno profita de l’occasion pour interpeller François Hollande sur le dossier centrafricain.
“Il faut agir” aurait-il dit.
C’est ainsi que dans la précipitation, un mini sommet sur la Centrafrique a eu lieu, regroupant les chefs d’Etat africains et François Hollande.
Qu’y fut-il dit ?
En résumé, que l’Union Africaine n’enverra pas les troupes promises pour début Août en RCA. La confédération est exsangue. Il n’y aura pas de MISCA.
Ce qui a contraint la CEEAC, toute aussi sans moyens à tout de même récupérer le dossier.
François Hollande fut alors mis au pied du mur. 
“Il faut nous aider” a dit Idriss Deby très impliqué sur le sujet, et de préciser : “Le Mali ici est puissamment aidé, pourquoi pas la RCA ?”. Sassou N’Guesso de même de lui emboîter le pas.
Et c’est ainsi que le ‘peut être pour une intervention’ du président français s’est fait jour enfin.
Et Idriss Deby, pas fou, n’ignorant pas la peur bleue des occidentaux du Djihadisme, joua sur cette corde : “Si rien de décisif n’est pas fait en Centrafrique, ce pays pourrait devenir un sanctuaire de terroristes”, sous entendu islamistes radicaux.
Deby en bon tacticien sait parfaitement que la France est intervenu au Mali, uniquement que par peur du Djihadisme.
Voilà ce qui a fait changer le langage de François Hollande.

Néanmoins, en écoutant des conseillers de l’Elysée, le son de cloche est tout différent.
“Pour le Mali, si c’était à refaire, on ne le ferait pas.”
“Les africains ne cessent de dire l’Afrique aux africains, alors qu’ils règlent leurs problèmes entre africains.”

Tout ce qu’il faut retenir, c’est que intervenir plus directement en RCA n’est pas encore un dogme pour le chef de l’état français, juste un petit pas.
Les choses seront plus explicites après la réunion spéciale du Conseil de sécurité sur la RCA prévue le 25 prochain à New York.
Le Mali coûte très cher à la France, en hommes et en argent, déjà plus de 200 millions d’euros engloutis dans l’opération Serval.
Echaudé, François Hollande ne veut pas s’empêtrer seul dans le bourbier centrafricain, d’autant plus qu’il sait ne pouvoir compter ni sur l’UA ni sur la CEEAC.

© Septembre 2013 LNC

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