ONU : La crise centrafricaine pas jugée digne de l’attention du Conseil de Sécurité

Radio Siriri September 24, 2013 0

ong paris

(Singa ti Oubangui) – Tout d’abord un petit topo sur le fonctionnement du Conseil de sécurité de l’ONU.

Issu de la Charte des Nations Unies, le Conseil de sécurité l’organe pilote de maintien de la paix dans le monde de l’ONU.
Il peut se réunir à tout moment, à chaque fois que la paix est menacée. 
Il est composé de 15 membres, dont 5 permanents avec droit de veto chacun (la Chine, les États-Unis, la Fédération de Russie, la France et le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord), et les 10 autres sont élus par l’Assemblée générale de manière tournante tous les deux ans.

Les décisions du Conseil sont prises par un vote affirmatif de neuf membres.
Mais, aucune décision ne peut être prise si un membre permanent émet un vote négatif ou veto.
Le Conseil peut être saisi lorsque la paix internationale est en danger.
Et s’il accepte le dossier présenté, il commence par rechercher les moyens de régler le différend de manière pacifique.
Entreprendre une médiation ou énoncer les principes d’un règlement. 
En cas de conflit, le Conseil alors tentera d’obtenir un cessez-le-feu, en envoyant une mission de maintien de la paix pour aider les parties à observer la trêve et séparer les forces en présence.

Le Conseil a également à disposition des armes de rétorsion.
Il peut imposer des sanctions économiques, ordonner un embargo sur les armes, ou à l’extrême, autoriser les États Membres à employer « tous les moyens nécessaires », y compris une action militaire collective, pour faire appliquer ses décisions.

L’ILLUSION D’UNE MISE SOUS TUTELLE DE LA CENTRAFRIQUE

Quand on a connaissance là du processus d’activation du Conseil de Sécurité, il est alors plus simple de comprendre pourquoi, ‘mécaniquement’ la crise en Centrafrique ne peut en aucune manière faire l’objet de ce qui est ‘extrême’ et rare pour le Conseil, “une action militaire collective”.
Les 15 membres devraient se réunir, en tenant compte du pouvoir de veto d’un des 5 permanents.
Et rien que la mise en place de ce processus pour un problème donné peut prendre des semaines, et surtout, se prépare en amont.

L’ACTION DE LA FRANCE

Alerté par les ONG sur le terrain en Centrafrique sur la situation catastrophique que vit le pays, le président François Hollande, via sa représentation permanente à l’ONU, le 14 août dernier, a consulté le Conseil de sécurité des Nations Unies pour la possibilité de l’inscription du dossier RCA dans l’agenda de sa prochaine réunion, quitte à la précipiter. 
Réponse du secrétariat du Conseil : “Présentez-nous un dossier étoffé”.
C’est alors que Hollande, le vendredi 23 août 2013 à 10h00, au Palais de l’Elysée, réunissait des représentants des organisations non-gouvernementales actives en RCA, pour faire un bilan de la situation en République centrafricaine.
Etaient présents : 
la FIDH, le CCFD-Terre SolidaireAction contre la faim, le Secours CatholiqueMédecins sans FrontièresMédecins du Monde et « Crisis action ».

Début Septembre, la France a souhaité réintroduire le dossier centrafricain dans le cadre de la 68ème assemblée générale des Nations Unis (qui se tient ce Mardi 24 Septembre).
Re-refus de l’ONU, arguant du fait qu’il y a déjà le BINUCA en RCA et qu’en outre un texte politique cadre existe, à savoir les Accords de Libreville.
Le sujet ne vaut pas réunion du Conseil de sécurité, il doit se solutionner avec les partenaires impliqués, l’Union Africaine et la CEEAC.

CONSEQUENCES

Le problème doit être sectorisé pour espérer le solutionner rapidement.
Agir autrement, c’est-à-dire essayer d’y impliquer des partenaires de manière individuelle. L’Union européenne ou des pays en bilatérale.
C’est le principe qu’ont adopté Mme Kristalina Georgieva, et Mme Valérie Amos, qui elles se sont déplacées sur le terrain jusqu’en provinces, et sont imprégnées de l’urgence de solutions à apporter.
Le chef de l’Etat français, agacé par l’immobilisme de l’ONU, ne savait comment la forcer à s’impliquer davantage pour résoudre la crise en RCA.
Aussi, faute de mieux, la France s’est alors associée à l’idée de Kristalina Georgieva, et Valérie Amos d’un mini sommet rassemblant ceux qui avaient la volonté de venir, afin d’au moins internationaliser cette crise centrafricaine.
Seront présents comme nous l’annoncions : la France, le bureau des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), l’Union européenne, des représentants de la Centrafrique, des représentants de l’Union africaine (UA), de l’ONU, des Etats-Unis, des pays voisins de la Centrafrique, de l’Afrique du Sud et du Burundi.

Ce sera une réunion consultative en marge de la 68ème Assemblée générale de l’ONU.
Et la France compte bien rebondir dessus pour essayer d’impliquer les USA, afin qu’ils la soutiennent dans la constitution d’un projet de résolution à représenter au Conseil de sécurité.

france et ong

L’AMBIGUITE FRANCAISE

Alors on peut s’interroger sur cette nécessité de faire compliqué, quand on pourrait faire bien plus simple et surtout vite.
La France au Mali a su agir vite, sans passer par les complications et les lenteurs de la paperasserie onusienne.
Il est vrai que sa motivation d’aller là bas était la menace de l’islamisme radical. L’Occident a une peur bleue des islamistes.
Dans le cas centrafricain, la philosophie française reste celle d’un conflit centrafricano-centrafricain.
Tout au moins, est-ce le prétexte tout trouvé pour ne pas agir directement.

Et c’est ce qui explique pourquoi à Bamako Jeudi dernier, le président tchadien Idriss Déby, pour lui forcer la main, avait brandi la menace en Centrafrique de l’avènement d’un radicalisme islamique si rien n’était fait MAINTENANT !
Il faisait comprendre à François Hollande que la Centrafrique d’aujourd’hui peut être le Mali de demain.

CEUX QUI N’ONT RIEN COMPRIS

Ce sont tous ceux qui par ignorance des mécanismes juridiques complexes de l’ONU, croient qu’en demandant la mise sous tutelle de la RCA, cela se ferait dans l’heure.

Ils sont soit des ignorants, soit des démagogues, ou les deux.

Singatioubangui.org

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