Nana Mambéré : Interview d’Ousseni Toka, le Délégué des secouristes de Bouar

Radio Siriri March 18, 2014 0

ousseni

BOUAR (RADIO SIRIRI) — Cette interview complète le reportage que nous avons publié dans nos récentes éditions. 
Elle permet de mettre en évidence le travail d’un groupe de jeunes dynamiques, travaillant dans un contexte tendu et difficile, et sans moyens appropriés. 
Alors que la tendance est à la méfiance et à la division, ces jeunes chrétiens et musulmans ont osé casser les préjugés pour poser le plus beau geste qu’un homme doit donner à un corps sans vie d’un de ses semblables : une sépulture décente. 

Tout n’est pas sombre en Centrafrique.

_ Radio Siriri : Bonjour Monsieur, pouvez-vous vous présenter ?

_ Ousseni Toka : Bonjour ! Je m’appelle Ousseni Toka, Délégué des secouristes de Bouar.

_ RS : Pouvez-vous nous présenter le bilan de votre activité de ces derniers temps ?

_ Ousseni Toka : Durant ces derniers événements, la Croix Rouge a effectué plusieurs services à savoir le nettoyage des sites des déplacés notamment de deux jours de travail à Saint Laurent alors qu’il y avait encore des déplacés et à la Mosquée centrale de Bouar. Nous avons aussi procédé au ramassage des corps tués par balles lors de passage des seleka. Si c’est des musulmans, ils sont enterré du côté de la mosquée et si c’est des chrétiens on enterre du côté chrétien. Nous avons effectué, faute de moyens, le transport de ces corps à l’aide de nos mains et en parcourant de fois des kilomètres à pied… Juste pour dire que nous avons été toujours actifs.

_ RS : Les quatre personnes tuées à Yongoro ont été semble-t-il enterrées par votre équipe. Comment l’avez-vous su ?

_ Ousseni Toka : Une équipe de MSF s’était rendue à Bohong pour une évaluation des structures de santé. Chemin faisant ils ont constaté qu’il n’y avait personne à Yongoro. Et à leur retour à Bouar, ils ont en parlé au Responsable le Croix Rouge qui à son tour m’a appelé pour demander de me rendre sur les lieux afin de procéder à l’inhumation de ces corps. Profitant de l’occasion de MSF faute de moyen de déplacement, nous nous sommes rendus à Yongoro et nous avons rencontré le chef de groupe qui nous a mis au courant des faits en indiquant l’endroit où il y avait des corps sans vie sur lesquels on a jeté des briques et ensuite un seleka enterré à la va vite derrière le centre de santé. Ce qui empêchait les habitants de rentrer chez eux. Nous étions obligés mes trois secouristes et moi de déterrer ces corps pour une sépulture décente.

_ RS : Je vous remercie Monsieur Toka !

_ Ousseni Toka : C’est moi qui vous remercie, Monsieur le journaliste !

English version: http://www.lanouvellecentrafrique.org/interview-of-ousseni-toka-delegate-of-the-first-aid-workers-of-bouar/

© Mars 2014 RADIO SIRIRI

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