France : Paris s’enfonce dans une crise durable en RCA

Radio Siriri March 31, 2014 0

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G.D 

PARIS – Les inquiétudes des autorités françaises enflent autour de leur isolement face au délitement progressif de la Centrafrique. 
Peu impliquée, l’UE ne parvient pas à mobiliser 600 malheureux soldats pour lancer l’opération Eufor-RCA – Bruxelles semble désormais plus préoccupé par la crise ukrainienne. 
Sur le terrain, la Misca n’a toujours pas atteint son quorum de 6 000 hommes (en soit déjà insuffisant), tandis que la politique locale a repris ses droits face à une présidente, Catherine Samba-Panza, de plus en plus critiquée. 
A ce rythme, les forces françaises de l’opération Sangaris sont appelées à rester “plusieurs années”, selon un haut gradé français. 
Quant à l’agenda de la transition politique, il se trouve sérieusement remis en cause. 

ANALYSE

Echec européen – Censée se déployer le 17 mars à Bangui, l’opération Eufor-RCA devrait accuser un sérieux retard au grand dam de Paris. 
Lors de leur dernier conseil à Bruxelles, les ministres des affaires étrangères des 28 Etats membres de l’UE ont poliment évoqué “la nécessité d’une accélération des travaux relatifs à la préparation de (cette) opération”. 
Mais, concrètement, l’Europe reste sourde à cet appel. Le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Italie campent sur leur position de ne pas y participer, et ce même si le ministre allemand de la coopération Gerd Müller a accompagné son homologue français Pascal Canfin à Bangui début mars, en compagnie du commissaire européen au développement, Andris Piebalgs. 

Les moyens promis – 600 hommes – sont pourtant très éloignés des 4 000 soldats jadis mobilisés pour l’Eufor au Tchad. 
Du coup, les récriminations se multiplient chez les diplomates hexagonaux. Affligés, ces derniers reprochent aux partenaires de la France de se “dégonfler”. Dans la meilleure des hypothèses, la mise sur pied de cette opération prendra encore plusieurs semaines. 
Quant à l’arrivée de forces onusiennes, elle n’est pas attendue avant fin 2014.

Agacements élyséens 
Ces incertitudes irritent d’autant plus Paris que Catherine Samba-Panza semble ne plus rien maîtriser. 
Si son élection, le 20 janvier, avait suscité de l’espoir, la présidente par intérim paraît désormais engluée dans la complexité de la crise. 
Attendue le 1er avril en France pour un entretien avec François Hollande, elle ne parvient pas à enrayer l’insécurité et à gérer les priorités, dont le paiement des fonctionnaires. 
Un seul mois a été réglé depuis son entrée en fonction grâce à un don de 10 millions $ du président angolais Eduardo dos Santos. 
Ce sentiment de flottement est unanimement partagé : des capitales sous-régionales participant à la Misca au général sénégalais Babacar Gaye, représentant spécial de Ban-Ki moon, en passant par les états-majors. En outre, l’entourage de la présidente Samba-Panza n’est pas de nature à rassurer car composé de personnalités controversées issues de l’équipe de Michel Djotodia. 
Ce contexte hypothéquant la programmation d’une échéance présidentielle début 2015, Paris est tenté de s’impliquer davantage dans le dossier. 
Selon nos sources, plusieurs contacts directs ont été établis avec François Bozizé pour lui demander de neutraliser ses partisans supposés sur le terrain. 
A chaque fois, l’ex-président, qui vit entre l’Ouganda et le Cameroun où il loue une résidence dans le quartier Golf de Yaoundé, a refusé d’endosser la responsabilité de la situation.

Désastres
Ce contexte est aggravé par des situations chaotiques sur les plans économiques et humanitaires, qui ne facilitent guère le travail de la mission Sangaris. 
Les caisses de l’Etat sont vides et ne risquent pas d’être renflouées de sitôt. Les ONG campent à Bangui faute de pouvoir couvrir le territoire national. 
Contributrices au budget national, des sociétés comme la Sucaf, filiale de Somdiaa, ou le groupe Castel ont stoppé leurs activités. L’approvisionnement de Bangui se fait au compte-gouttes à partir du port de Douala et au prix d’escortes hebdomadaires des troupes de la Misca. 
L’insécurité généralisée a par ailleurs plombé non seulement la filière diamantaire déjà suspendue du processus de Kimberley – la plupart des acheteurs ont quitté le pays -, mais aussi la campagne agricole. Le pire reste donc à venir. 

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